L'auteur : Ananda Devi
Postface de Nassuf Djailani
Le mot de l'éditeur :
Dans ses poèmes, elle dit le désir multiple, les corps qui s'effleurent et la passion qui ravage tout : celle de vivre, d’écrire, d’aller à la rencontre de l’autre. Car pour Ananda Devi, originaire de l'île Maurice, l’écriture est à la fois ce qui dévore et ce qui sauve, ce qui condamne et ce qui libère. À travers ses textes, elle revendique son droit à la jouissance, nous invite à danser sur les braises et à écouter la parole de la nuit. Suivons-la : ses mots incandescents sont de ceux qui allument des flambeaux au cœur de la tempête.
Extrait :
« Tout commence par la perte des eaux.
L’outre se désemplit pour livrer le passage à une entité complète en soi. Pas un corps étranger ; un bourgeon, une ébauche, une excroissance intime, qui, une fois émergé, devient cet autre auquel seuls nous rattachent les liens de l’amour et du désarroi.
Dès cette première séparation, la joie se teinte de désolation : il ne se souviendra pas de ce temps-là, de ce partage de nos matières, de ce qu’il a pris de moi pour se former, de ce que je lui ai donné pour le façonner. Cette amnésie des enfants, heurtée à la permanence obstinée de la mémoire des mères, c’est la toute première déchirure. »