L'auteur : Yannis Ritsos
Bilingue grec/français. Traduit du grec par Anne Personnaz
Préface de Bruno Doucey
Le mot de l’éditeur :
Les Dix-huit petites chansons qui composent ce livre peuvent paraître anodines. Ne vous y fiez pas, lecteurs qui entrez dans ces pages. Écrit sous la junte militaire, à la demande du musicien Mikis Theodorakis alors que son auteur se trouve déporté sur l’île de Léros, ce recueil est une oeuvre de contrebande, sortie clandestinement d’un camp de prisonniers. Le poète y chante le peuple grec, « petit peuple » courageux « qui lutte sans les sabres ni les balles » pour conquérir sa liberté. En publiant aujourd’hui une nouvelle traduction de ces textes, je n’entends pas seulement donner un avenir au passé. A l’heure où la Grèce ploie sous la botte des logiques financières, offrant un terreau à la germination maladive des idées fascistes, il est juste et il est bon de relire ces textes. Et s’il se trouve en Grèce, en France ou ailleurs, un lecteur, ne fût-ce qu’un seul lecteur, pour affirmer, après les avoir lues, son droit d’insoumission par la poésie, alors cette édition trouvera sa raison d’être. Plus de vingt ans après sa disparition, Yannis Ritsos nous invite encore à prendre le maquis de la pensée.
Extrait :
« Ne pleure pas sur la Grèce,– quand elle est près de fléchir
avec le couteau sur l'os, avec la laisse sur la nuque,
La voici qui déferle à nouveau, s'affermit et se déchaine
pour terrasser la bête avec la lance du soleil. »